L’approche en recherche-action repose principalement sur l’idée que pour connaître une réalité sociale, il faut participer à sa transformation. Le changement est de l’ordre du vivant et la recherche-action ambitionne de toucher l’intégralité des dimensions humaines. On parlera alors de « recherche-action intégrale » et de « sciences radicales ».
La sociologie de l’intervention indique que le chercheur ou l’intervenant n’est pas un observateur détaché et distancié, il adopte une posture particulière, il est « impliqué ». La recherche-action va encore plus loin, puisque le chercheur intervient délibérément sur la réalité pour la changer.
La situation humaine est considérée comme l’unité microsociologique de base en tant qu’ensemble d'interactions entre des individus inscrits au sein d'un espace délimité et temporaire. La situation n’est pas un résultat, une conséquence, mais un devenir, une perspective. « Elle consiste dans le fait d'être là et par-delà »(Jacques Ardoino, 2006).
Alors cette situation humaine dépasse la notion de « terrain » propre à l’intervention sociologique classique (qui nécessité une « commande ») ou même d’une démarche ethnographique habituelle (qui « négocie l’entrée sur le terrain »). S’il y a « intervention », elle ne se fait pas « sur » un terrain (construction sociale du chercheur) mais « en » situation (construction sociale des acteurs en présence). En cela, la recherche-action ne travaille par sur un objet (d’étude) mais avec des sujets producteurs de connaissance, co-auteurs de la recherche atteignant une dimension de « chercheur collectif ».
La recherche action participative
Elle inscrit le tournant moderne de la recherche-action vis-à-vis d’une recherche-action expérimentale. Sa condition principale est la participation des acteurs de manière consciente et affirmée au processus de recherche. Ainsi parlera-t-on de recherche « avec » et non pas simplement de recherche « pour » ou « sur ».
Cette « action-recherche » est destinée à favoriser des changements volontaires. Le groupe des acteurs mène une recherche sur eux-mêmes et ils interagissent entre eux.
Le chercheur n’est pas indépendant de la situation qu’il contribue à créer. Il participe avec les autres acteurs à la définition du cadre d’activité de l’intérieur des situations. Le chercheur n’apporte par un savoir qui pré-qualifierait la situation. Le sens des situations se construit dans un jeu d’interactions. Il n’y a pas d’un côté les enquêteurs et de l’autre les enquêtés.
Il n’y a pas « d’idiot culturel », les individus savent ce qu’ils font et développent leurs propres méthodes sociologiques pour comprendre et répondre aux situations qu’ils vivent. Ils ne font pas que « subir » des structures sociétales qui dépassent leur entendement et que, seul le sociologue serait capable de révéler. Autrement dit, chaque individu développe des compétences qu’il s’agit de mettre en valeur (évaluation et validation des acquis).
Dans ce travail en situation, les acteurs se dotent d’outils de production de connaissance. Il s’agit alors d’établir une base contractuelle plus ou moins formalisée où peut être vérifiée une participation effective de chacun à l’ensemble des étapes du processus, de son élaboration à la maîtrise des outils de connaissances.
Cette approche sort des créneaux de la sociologie classique pour produire de la connaissance en situation d’engagement. Elle a rénové le principe de recherche-action. Néanmoins, la notion de « participation » couvre des réalités d’intervention bien différentes, elle est trop imprécise pour définir à elle seule la recherche-action.
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