"pARTicipe présent reprend vie"

Ce blog a été créé à l'origine pour servir de support à l'activité de l'Association des Possibles, mise entre parenthèse. Je reprends aujourd'hui le flambeau pour parler d'un projet personnel mais toujours dans la continuité des valeurs qui nous animaient alors.
Ophélie, Linda, vous êtes mes invitées permanentes, intervenez quand vous le voulez.

Pour décrire succintement ce projet, je dirais que c'est une idée folle, celle de faire un doctorat, une recherche universitaire portée par une réflexion théorique mais sur des aspects très concrets de la vie dans une actualité brûlante. Et pourquoi pas apporter une pierre à l'édifice de notre société (c'est beau dis comme ça, non?).

Et la thématique de prédilection : la culture, les arts, la politique culturelle.

Parce que ce n'est pas qu'un supplément d'âme. C'est aussi ce qui fait que l'Homme est Homme.

vendredi 18 avril 2008

La culture participative et de proximité : les très petites structures culturelles dans une démocratie participative en Europe.

Il a fallu que je reprenne beaucoup de choses, que je lise énormément et en peu de temps que je reformate mon cerveau à la pensée universitaire pour aboutir à un nouveau texte court qu'il va falloir que je développe bientôt en quelques pages...


L'étude de ce sujet repose sur l'hypothèse que les très petites structures culturelles, dans le milieu du spectacle vivant notamment, tendent de plus en plus à penser leurs actions artistiques et leur développement en s'inspirant, consciemment ou inconsciemment, d'expériences vécues dans d'autres champs que le leur. En parallèle, la crise observée du politique en général a suscité la recherche de nouvelles voies au travers de notions telles que la démocratie participative et le développement durable, tout en en soulignant les limites. Dans ce contexte, peut-on, aujourd'hui, parler de culture participative et de proximité en Europe ? Quels peuvent en être la définition et les enjeux ?
Les très petites structures culturelles relèvent en majorité du secteur associatif et commencent à revendiquer une appartenance au tiers secteur (ne relevant ni de l'Etat ni du marché seuls). Force est de constater qu'à ce jour elles appartiennent à des champs encore mal définis. Ce manque de lisibilité peut être une des raisons pour lesquelles ces très petites structures se heurtent à des difficultés conséquentes provoquées par des politiques ignorantes des besoins du terrain. Comment du niveau micro où elles évoluent (souvent associé à un dynamisme et à une liberté d'action) peuvent-elles participer à la construction de nouveaux cadres politiques, culturels, sociaux et économiques, pour apporter des réponses alternatives aux problématiques existantes et en faire bénéficier ainsi la société civile dans son entier ? Peuvent-elles avoir une influence dans le paysage politique et culturel ?
Cette recherche se propose de développer une méthodologie d'analyse sociopolitique de ces organisations et des projets novateurs dont elles peuvent être porteuses. Plus qu'un recensement d'expériences singulières, il s'agit ici de repérer les similitudes dans les modalités des démarches entreprises et d'en questionner leur diversité et leurs limites face aux pratiques, concepts et représentations d'une culture aux multiples facettes.

mardi 11 mars 2008

Premières pensées

Titre totalement provisoire :

La politique culturelle est morte, vive la politique culturelle.

Champ : Spectacle vivant

Volonté :

Il y a une part militante dans ma démarche qu'il serait vain de dissimuler, je pense pourtant que le militantisme n'est pas une tare s'il est accompagné d'une solide réflexion. D'autant que le militantisme qui m'anime est plutôt tourné vers une volonté d'informer, de faire remonter au grand jour des réalités essentielles à la construction de notre société. (un rêve de société?)

J'aimerais que cette étude puisse apporter une réflexion poussée sur le secteur du spectacle vivant afin de participer à la réflexion des pouvoirs publics dans sur les politiques culturelles mais également qu'elle puisse être créatrice d'outils pratiques pour les acteurs culturels et porteuse d'une pédagogie pour le grand public.

Je réfléchis en effet à la façon de partager cette réflexion au fur et à mesure, par des échéances régulières (site internet ? montage documentaire ? participation ou organisation de débats ? Formes à étudier) qui permettront de toujours confronter la recherche au terrain dans un aller retour enrichissant les deux aspects.

Constat :

Il y a une ignorance, tant des pouvoirs publics que du public (et même plus justement du non public), des pratiques réelles dans le secteur culturel et notamment du spectacle vivant. Nos dirigeants actuels font le constat d'un échec de la démocratisation culturelle (rappel déf) tandis que sur le terrain, pas à pas, dans un travail de longue haleine et sur la durée, des acteurs culturels la vivent au jour le jour, avec leurs publics.

Peut-être y a-t-il une fin du modèle de démocratisation culturelle tel qu'on le définissait dans les années 90(?) mais peut-on réellement se baser sur un constat aussi bref que rapide pour justifier tout abandon d'une politique culturelle?

A développer et argumenter :

Même si les tentatives de dispositifs de financements, de cadrage juridique et économique sont élaborés sur des éléments fondés du secteur et parfois avec une réelle écoute des besoins (surtout au niveau local), il reste que les institutions méconnaissent bien souvent une part importante du milieu du spectacle vivant, celle des très petites structures.

Tout comme on caractérise les TPE ou micro-entreprises, les compagnies, associations culturelles, lieux de diffusion qui constituent ces « TPS » constituent pourtant le vivier créatif, mais également social et économique du secteur. Ce sont notamment les premiers employeurs du secteur (cf. rapport de branche, dépenses en masses salariales équivalentes voire largement supérieures à des lieux tels que des scènes nationales !!!).

Ce sont des laboratoires d'innovations diverses, sur tous les plans, qui alimentent la réflexion sur le secteur, le font se renouveler et tout simplement vivre.

Points que j'aimerais aborder :

Les très petites structures (certainement une majorité de compagnies prises en modèle), les électrons (libres?) de la culture. Notion de dépendance, d'indépendance, d'interdépendance de l'art et des artistes face aux pouvoirs publics, aux financeurs, au public, à la société, aux réalités contemporaines.

Une avant-garde toujours en mouvement : des projets innovants, des expériences sociales, économiques. Cf. les projets participatifs (lien avec mémoire de maîtrise) qui associent la population au processus de création et de décision, les expériences de mutualisation d'emploi, de locaux, de projets.

Les différents statuts juridiques : association loi 1901 à plus de 80%. Revalorisation de ce statut dans ce qu’il a de démarche citoyenne (conseil d’administration, adhérents, …).

Le terrain :

Sur le principe de la recherche action, je souhaite construire cette étude de façon participative (appliquons d'abord à nous mêmes nos principes !). Je pars de l'idée que les acteurs culturels sont les premiers experts de leur secteur. Je compte m'appuyer sur le réseau des structures adhérentes au Synavi (Ile-de-France) et leur structuration interne qui a déjà permis de créer des groupes de travail autour de thématiques telles que les relations avec les institutions ou encore la mutualisation.

Ces groupes tentent de répondre de façon pragmatique et pratique aux questionnements actuels, tout en essayant de contribuer à une réflexion plus générale. Mon rôle serait d'alimenter cette réflexion en apportant des éléments nouveaux d'études sur le terrain et de recherche théorique, tout en dégageant des principes plus généraux des expériences menées de mutualisation.

J'envisage d'étendre mon terrain à d'autres régions de France du réseau Synavi (Rhône-Alpes, Haute-Normandie et Poitou-Charentes ont une réflexion poussée également dans tous ces champs) sans m'interdire d'étudier d'autres modèles, hors champs des adhérents, voire même hors champs du secteur culturel suivant les occasions se présentant (développement durable, économie solidaire, etc.)

Tout comme je souhaite pouvoir mettre en miroir des expériences qui se passent en dehors du territoire français (Europe, international notamment Afrique).

Ces « débordements » seront, je pense, inhérents au travail d'études sur les structures du Synavi, les projets portés étant souvent transdisciplinaires et transfrontaliers et m'amèneront « naturellement » à rencontrer d'autres expériences.

Démarche de recherche action

L’approche en recherche-action repose principalement sur l’idée que pour connaître une réalité sociale, il faut participer à sa transformation. Le changement est de l’ordre du vivant et la recherche-action ambitionne de toucher l’intégralité des dimensions humaines. On parlera alors de « recherche-action intégrale » et de « sciences radicales ».

La sociologie de l’intervention indique que le chercheur ou l’intervenant n’est pas un observateur détaché et distancié, il adopte une posture particulière, il est « impliqué ». La recherche-action va encore plus loin, puisque le chercheur intervient délibérément sur la réalité pour la changer.

La situation humaine est considérée comme l’unité microsociologique de base en tant qu’ensemble d'interactions entre des individus inscrits au sein d'un espace délimité et temporaire. La situation n’est pas un résultat, une conséquence, mais un devenir, une perspective. « Elle consiste dans le fait d'être là et par-delà »(Jacques Ardoino, 2006).

Alors cette situation humaine dépasse la notion de « terrain » propre à l’intervention sociologique classique (qui nécessité une « commande ») ou même d’une démarche ethnographique habituelle (qui « négocie l’entrée sur le terrain »). S’il y a « intervention », elle ne se fait pas « sur » un terrain (construction sociale du chercheur) mais « en » situation (construction sociale des acteurs en présence). En cela, la recherche-action ne travaille par sur un objet (d’étude) mais avec des sujets producteurs de connaissance, co-auteurs de la recherche atteignant une dimension de « chercheur collectif ».

La recherche action participative

Elle inscrit le tournant moderne de la recherche-action vis-à-vis d’une recherche-action expérimentale. Sa condition principale est la participation des acteurs de manière consciente et affirmée au processus de recherche. Ainsi parlera-t-on de recherche « avec » et non pas simplement de recherche « pour » ou « sur ».

Cette « action-recherche » est destinée à favoriser des changements volontaires. Le groupe des acteurs mène une recherche sur eux-mêmes et ils interagissent entre eux.

Le chercheur n’est pas indépendant de la situation qu’il contribue à créer. Il participe avec les autres acteurs à la définition du cadre d’activité de l’intérieur des situations. Le chercheur n’apporte par un savoir qui pré-qualifierait la situation. Le sens des situations se construit dans un jeu d’interactions. Il n’y a pas d’un côté les enquêteurs et de l’autre les enquêtés.

Il n’y a pas « d’idiot culturel », les individus savent ce qu’ils font et développent leurs propres méthodes sociologiques pour comprendre et répondre aux situations qu’ils vivent. Ils ne font pas que « subir » des structures sociétales qui dépassent leur entendement et que, seul le sociologue serait capable de révéler. Autrement dit, chaque individu développe des compétences qu’il s’agit de mettre en valeur (évaluation et validation des acquis).

Dans ce travail en situation, les acteurs se dotent d’outils de production de connaissance. Il s’agit alors d’établir une base contractuelle plus ou moins formalisée où peut être vérifiée une participation effective de chacun à l’ensemble des étapes du processus, de son élaboration à la maîtrise des outils de connaissances.

Cette approche sort des créneaux de la sociologie classique pour produire de la connaissance en situation d’engagement. Elle a rénové le principe de recherche-action. Néanmoins, la notion de « participation » couvre des réalités d’intervention bien différentes, elle est trop imprécise pour définir à elle seule la recherche-action.